mercredi 11 février 2009

le mercredi c'est biopsie (du trophoblaste )

Bizarrement j'ai beaucoup moins de souvenir de ce jour là, peut être parce que ça c'est beaucoup mieux passé que prévu. Bee pourra peut être ultérieurement en faire un article plus détaillé.

La semaine off

Ce soir va avoir lieu la deuxième échographie, je dois donc me dépêcher de continuer à écrire avant que des émotions puissent perturber les souvenirs.

La semaine qui a suivi la première écho a été une semaine de déni de grossesse. L'angoisse générée par le gynéco, celle de la piqure et de la crise de panique à venir, et celle du résultat nous ont poussés le soir même à ranger les catalogues, habits de bébés et autres objets compromettants, dans un placard où on serait sur de ne pas tomber dessus pendant les semaines à venir.
Tout le monde a tenté de nous rassurer, que c'est très courant de faire des amnios de nos jours. Personnellement mes nuits ont été courtes cette semaine là. Ma réaction lors de l'écho était plus qu'évidente, déjà que je n'étais pas prêt pour un enfant, un trisomique était largement au delà de ce que je pouvais supporter, je n'aurais pas le courage de l'élever. Bee était en pleine incertitude, elle se savait elle aussi difficilement capable de supporter ça, mais ne pourrait se remettre d'un avortement...

lundi 2 février 2009

l'homme enceint va à l'échographie

"Tu vas découvrir ta paternité", "Tu vas avoir un choc", "C'est fascinant et tellement émouvant", "C'est le premier contact avec le bébé"

Dans ces phrases répétées à l'annonce de la future écho, au moins une est vraie ça s'est sûr.

Situation psychologique :
Le mental n'a pas bougé depuis le jour de l'annonce. Je nage toujours entre complète irréalité et panique. Une partie de moi me dit que ce n'est pas possible, Bee n'a pas changé physiquement, notre vie n'a pas changé, tout ceci n'est qu'une vaste blague. Ce qui engendre panique car je le vois bien qu'il se passe quelque chose, on me le répète à longueur de journée !

Situation physique :
Cela fait deux heures et demi que nous attendons dans le hall avec parmi les femmes enceintes présentes une black qui se mouche par la bouche toutes les deux minutes (charmant) et une famille gitane avec les gamins qui hurlent et la mère qui en tire une par les cheveux en lui disant qu'elle va lui marav la gueule (charmant aussi).
La black passe avant nous, et pour mon horreur celle ci jette ses mouchoirs dans la poubelle à mes pieds. Je me demande si elle a serré la main du gynéco ...

Ca y est :
Le gynéco nous invite à le rejoindre ! en moins de 30 secondes, on est dans une piece sombre, il a déjà indiqué à Bee de se foutre à poil et de s'allonger sur le lit. Moi je ne me souviens même pas si il m'a dit bonjour, il n'y a pas de siege pour moi, l'irrealité devient une reelle terreur, je n'ai apparemment rien à foutre là, je vais probablement me reveiller. Je tente d'aider Bee à enlever ses chaussures vu qu'elle est pas super à l'aise par l'accueil, je m'en prend une en pleine gueule, je saigne.
Il tente de visualiser quelque chose par le ventre avec son machin, visiblement il n'y arrive pas, il abandonne direct pour passer au gode à rayons. Quand on ne s'y attend pas j'avoue que c'est surprenant mais je n'étais plus à ça pret, mon rythme cardiaque devait bien s'emballer sans que je m'en rende compte, je transpirais pas mal.
Et là au moment où il utilise son machin, bref instant d'émotion pour nous deux, nous voyons le bebe à l'écran ! Je ne sais pas combien de temps ça dure ... peut être 5 secondes avant que nous soyons coupés par un "hmmm non là c'est pas bon là cette clarté nuquale ohla non c'est pas bon je vais mesurer" ... Coup au coeur, je lui serre fort l'épaule, nous savons l'un comme l'autre que la clarté nuquale fait parti des signes indiquant une probable trisomie. Et là une descente aux enfers pendant le quart d'heure qui suit. Le gynéco passe quinze minutes à répéter des "humm ah ouais là c'est gros là, mmh ouais tiens je remesure un coup, ah ouais tu vois bien là c'est gros"
Bee est en pleurs, moi je peux plus sortir un son. Le gynéco dit "on se voit plus tard et je vous explique" et sort de la piece.
On est catastrophés. En gros pour nous à ce moment là, elle a un monstre dans le ventre, va falloir qu'on se fasse expliquer le pourcentage de chance de trisomie, mais vu le ton du gyneco on a l'impression que tout est foutu.
Elle se rhabille tant qu'elle peut, on sort, on va à l'accueil pour être rejoints par le gynéco qui nous explique devant tout le monde que la clarté nuquale est un indicateur d'anomalie génétique tout ça ... je commence à me rendre compte que j'ai bcp de mal à respirer, et que ma vision me parait un peu rétrécie. Il demande à la secrétaire de lancer le calcul age/epaisseur de la clarté pour en sortir un pourcentage. D'apres le calcul, il y aurait une chance sur 95 (ou 90 chépu) pour qu'il soit triso. Là pour la peine on est grandement rassurés on s'attendait à une sur deux ! du coup le gynéco nous traite quasiement de fous, qu'à moins de une chance sur 250 c'est amnio direct, que c'est risqué blabla tout ça. Je sens ma bouche très sèche, j'indique à Bee que je vais m'assoir un peu à coté des femmes pas encore passées. Ma voisine voit mon état je bredouille qu'il va falloir fair eune amnio que ça va pas tout ça... je vois Bee passer devant moi avec le gyneco et m'inviter à la suivre, toujours en pleurs, je me relève péniblement pour la rejoindre, j'ai l'impression que le contraste est tres bizarre, qu'il fait tres chaud et que vraiment ma vision est étrécie.
Je la rejoints donc, pendant qu'elle est en train de prendre rdv pour une amnio avec une secretaire, et j'essaye de comprendre un peu ce qu'il va se passer. Je saurai plus tard que voyant notre état catastrophé, le gynéco a fait prendre rdv pour heu une ponction du troboblaste (oh je sais plus le nom et je vous merde). C'est le moment où le gynéco me dit quelque chose genre vous êtes drolement blanc dis donc, peut etre que vous devriez vous assoir.
Effectivement, une fois assis, je me sens bien, comme dans du coton, j'ai bien envie de dormir d'ailleurs je vias dormir un coup, jusqu'à ce que j'entende quelqu'un hurler monsieur ! monsieur ! et que je sois par terre. Là se passe encore quelques minutes par terre, avec une indifference générale dans un hopital, jusqu'à ce qu'un pompier passant par là par hasard aille me chercher du sucre et un verre d'eau.
Je n'ai pas vu le gynéco partir, ou je ne m'en souviens pas, je me souviens juste que nous sommes rentrés très dépités, juste à penser au futur examen, à l'aiguille dont Bee a la phobie et qui faisait partie de mes craintes pendant l'échographie et l'annonce de l'épaisseur de clarté nuquale, à une possible IVG, à l'éfondrement qui en suivrait ...

Des aventures de l'homme enceint

Mon témoignage n'a d'autre vocation que d'être un témoignage de plus, d'un néo trentenaire dont la Bee est enceinte, pour tenter de me souvenir ultérieurement de ce qui me passait par la tête, et de rassurer les hommes qui ne sont pas fous de joie à l'annonce de la grossesse.

Cette fameuse annonce a eu lieu fin septembre, un jeudi si je me souviens bien, aux alentours de 5h du matin. Après une dizaine de jours de retard, Bee refusait de faire un test de grossesse, vu les résultats du spermogramme quelques mois plus tôt nous avions abandonné l'idée des méthodes naturelles.
Cependant, elle devait partir quelques heures plus tard pour un long week end maternel, et quand même, fallait bien être rassuré pour les jours à venir, ce serait bien délire, ce serait fou, enfin fallait quand même faire ce test.
Je me souviens d'un "heeeuu tu veux venir voir là ?" depuis les wc, la voix légèrement tremblante. Je suis sorti du lit avec un "oh putain" en tête. "Oh putain" qui a d'ailleurs été dans ma tête pendant plusieurs mois, et que j'ai répété en voyant l'objet scientifique que vous pouvez faire pipi dessus.
Je crois avoir eu une espece de vide, une stupeur je pense, soit c'était une panique intense qui a bloqué toute émotion (enfin toute autre émotion), soit une telle irréalité que c'était comme un rêve (pas au sens on vient de gagner à l'euromillion).
Cette espece d'irréalité m'a suivi pendant les semaines et les trois ou quatres premiers mois. C'est difficile d'exprimer ce qu'on ressent quand on nous demande si on est fier d'etre futur père, alors que j'avais juste une sensation d'etre dans surprise sur prise, video gag et compagnie. Toujours une sensation chaque fois qu'on m'en parlait de "ah merde c'était pas un rêve c'est pour de vrai ?"
Ces premiers jours ont donc alterné entre la panique et l'irréalité. La plus grosse panique étant bien sur la crainte d'avoir fait une connerie. Je me suis lancé dans le projet bébé pour deux raisons : Bee n'en pouvait plus de souffrir de ne pas en avoir, et moi je ne voulais pas prendre le risque de regretter à 40 ans de ne pas l'avoir fait. Et de se dire constemment : "est ce que c'étaient de bonnes raisons de faire un enfant, vu que maintenant je ne suis pas fou de joie c'est donc que forcément ça devait être des mauvaises raisons on est bien dans la merde maintenant"
Autre peur evidemment : la vie qui change. Moi qui suis exclusif, comment je vais faire pour accepter qu'on passe de deux à trois (enfin de trois à quatre avec le chat), alors que rien que d'avoir un chat nous a perturbé pendant plusieurs semaines. J'avais mes centres d'interets, je m'interessais à ma gueule, il va falloir que je montre de l'interet pour d'autres domaines, et en plus que je donne l'impression que ça me plait !

Les premiers mois sont passés très vite avant d'arriver à un gros choc, celui de l'échographie ...

Enceinte

Après tout un Eté à manger des fraises, Bee est enceinte depuis mi-septembre ...